Etre
PASTEUR : un titre ecclésiastique
ou un défi lancé à chacun ?
WEEB 8, novembre 2005, Surgères
Etienne LAÜGT
"Par amour, servez-vous l'un l'autre" (Gal. 5. 13)
"Redressez les mains lassées et les genoux défaillants...
"
(Héb. 12. 12, 15)
Le service pastoral est à
la portée de tous : pas besoin d’être un chrétien très expérimenté, ni
très « versé » dans la Bible, ni même d’avoir un titre officiel pour
manifester un peu de compassion devant la souffrance ou la misère de son frère
ou de sa sœur en Christ ! Un jeune peut donc être « pasteur »,
et, au moins, apprendre à le devenir… Mais quel est le rôle du pasteur ?
Ce
service dont nous allons parler est un aspect de ce que l'on trouve en Romains
12. 8 : "exercer la miséricorde" ; ou encore, lorsqu'il nous
est demandé d'avoir "un égal soin les uns des autres". C'est
donc un service à la portée de tous ; nul don particulier n'est nécessaire,
même si celui de pasteur est très appréciable, dans ce cas-là.
Mais
parlons d'abord un peu de ceux qui nous pouvons avoir à rencontrer. Mieux les
connaître permet de mieux les aider...
I – (RE)CONNAÎTRE CEUX QUI
ONT DES BESOINS
A - Causes
diverses de leurs souffrances :
- Celui qui doute de son salut
- Le passéiste : regrets, rancunes...
- Celui qui ne s'accepte pas :
·
Physiquement
;
·
moralement
: intelligence, trait de caractère...
- Ceux qui souffrent de solitude (célibat, veuvage,
personnes âgées), d'ennui
- Ceux qui sont découragés par suite à :
·
Des
circonstances de la vie ;
·
Des
pertes (matérielles, familiales, d'amis...) ;
·
Des
échecs (dans les études, la vie professionnelle ou sentimentale...) ;
·
De
la fatigue ou de la maladie, avec incidence psychique ;
·
Des
manquements (de soi ou d'autres) => culpabilité excessive.
B - Dispositions
diverses de celui qui souffre face à son épreuve :
1 - Le
révolté : il n'accepte pas, se débat, essaie de s'en sortir de par lui-même
2 - La
résignation :
·
Du
vaincu : il abandonne toute lutte, avec fatalisme
·
pieuse
: il se résigne, en introduisant Dieu dans sa recherche, sans l'écouter lui
répondre.
3 - L'acceptation
joyeuse du vainqueur : libéré de son poids, il peut rendre grâces,
psalmodier, lire la Parole, en aider d'autres...
C - Quelques
exemples bibliques d'hommes découragés :
1 -
David : dans les Psaumes, on le voit parfois abattu, résigné... mais aussi,
souvent vainqueur. Il devient, dans la caverne, le centre de tous ceux qui sont
dans la détresse.
2 -
Elie : il a peur devant Jésabel, il fuit, se décourage, se croit le seul resté
fidèle...
3 -
Jonas : il montre de l'orgueil, puis de l'irritation ; il demande la mort...
4 - Paul : rarement découragé (une fois
jusqu'au suicide : 1 Cor. 1. 8), il se révolte contre son écharde en 2 Cor. 12
; sentiment d'abandon, à la fin de sa vie (2 Tim. 6. 16). Mais, malgré tout,
accepte le plus souvent ses épreuves avec joie... Un modèle, pour nous !
5 - Job
: d'abord il se résigne, puis maudit son jour ; ses amis sont des "consolateurs
fâcheux" ; il s'interroge, interroge les autres, interroge Dieu :
c'est la souffrance sans réponse... jusqu'à Élihu et sa rencontre personnelle
avec Dieu.
6 -
Jérémie : Lam. 1. 21. Secours d'Ebed-Mélec, qui le délivre de la fosse...
7 -
Naomi : "Mara", amertume : elle est révoltée et/ou résignée
passivement ; puis, elle est encouragée (2. 20).
8 -
Asaph (Ps. 73) : révolté... jusqu'à ce qu'il rentre dans la présence de Dieu...
9 -
Pierre : découragé après le reniement, puis encouragé...
II - ALLER A LEUR RENCONTRE !
A - Dispositions
personnelles avant et pendant ce service :
* Aspects
négatifs
1 -
Etre dépouillé de tout esprit de jugement, de condamnation: préjugé des amis de
Job : "Tu as péché" ; aveugle-né (Jean 9) ; ne pas faire "acception
de personnes" (Jac. 2. 6-9) ;
2 -
Etre dépouillé d'esprit de réussite... et inversement, d'échec !
3 - Ne
pas rester indifférent par rapport à la souffrance, mais ne pas prétendre
comprendre parfaitement le souffrant, ni lui dire : "Je me mets tout à
fait à votre place" ! Mesurer ses paroles, faire attention à la
susceptibilité.
4 -
Savoir rompre le "combat" ; ne pas insister par des visites trop
fréquentes, ou par des phrases répétées...
* Aspects
positifs
1 -
Avoir été soi-même consolé de Dieu : 2 Cor. 1. 3-4 ; ce que n'avaient pas été
les amis de Job (42. 7) ; ce sont ces "eaux vives" découlant de notre
ventre, dont parle Jean 7. 37.
2 -
Discerner les besoins : savoir lire les visages (ex : Joseph dans la prison :
Gen. 40. 6) ;
3 -
S'intéresser avec sincérité aux problèmes des autres (la petite fille de
Naaman), plus qu'aux nôtres !
4 -
S'approcher, être là, simplement, au bon moment (ex : lorsque la mort approche)
: Jac. 1. 27. Le pasteur est très proche des personnes.
5 - Se
mettre au niveau de celui qui souffre (ex : Jésus et la Samaritaine), demander
son aide...
6 -
Savoir écouter (sans dire grand chose, parfois)
7 -
Savoir questionner (ex : Jésus et les disciples d'Emmaüs : Luc 24. 17-18)
8 -
Délivrer un message, répondre aux questions : lecture Parole, prière, chant...
9 -
Manifester un véritable amour : Col. 3. 12-16 ; Eph. 4. 2
10 -
Apporter la joie...
... et
toujours demeurer dans une attitude de prière...
En
résumé, le pasteur console, guide, exhorte et parfois… reprend (1 Tim. 1. 5). Il imite (un
peu) l’exemple du Bon Berger : Ezé. 34. 16 : « L’égarée,
je la ramènerai,et la blessée, je la banderai, et la malade, je
la fortifierai ».
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Les soins sont donc adaptés à l’état de la
brebis !
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Un « berger » rassemble, soigne, protège
et nourrit son troupeau (Eph. 5. 29) ; c’est le contraire d’un
« chasseur » qui détruit pour s’élever lui-même. Auquel des deux
ressemblons-nous ?
B - Ecueils
et encouragements ou conséquences possibles dans le service :
* Quelques
écueils à éviter :
1 - La
lassitude dans la prière.
2 -
"L'accaparement" par la brebis souffrante (au contraire, savoir se
ressourcer).
3 - Se
désolidariser, laisser celui qui souffre seul...
4 -
Rester discret : ne pas se glorifier ; garder la confiance de celui qui est
dans le besoin, en ne divulguant pas ses secrets.
* Encouragements
!
1 -
Lien entre la souffrance et la gloire : cette dernière n'est rien, en
comparaison !
2 - On
reçoit plus qu'on ne donne : "Celui
qui arrose sera lui-même arrosé".
(Extrait
de « Ministères et dons », de P.F. REGARD)
Le ministère des pasteurs
(Éphésiens 4. 11) s'adresse surtout au cœur des saints. Il consiste,
d'une part, à entrer dans les circonstances personnelles des rachetés pour leur
venir en aide, d'autre part, à conduire, à protéger, à nourrir le troupeau
lui-même.
L'exercice du
don des pasteurs comporte une grande connaissance pratique et une longue
expérience individuelle de tout ce que le Seigneur est lui-même comme bon
Berger (Jean 10. 1-30), comme grand Pasteur (Hébreux 13. 20 et 21), et comme
souverain Pasteur (1 Pierre 5. 4).
Les frères doués et suscités
par le Seigneur comme pasteurs sont, d'ailleurs, en mesure de faire
l'application de la vérité avec plus de tact et de discernement que ne le
comporte en lui-même le don des docteurs.
Le don des pasteurs
a donc une place toute spéciale. Et son utilité particulière est très grande.