Clés d'interprétation biblique.

 

"Comprends-tu vraiment ce que tu lis ?" (Actes 8.30 - T.O.B.).

 

Introduction.

Sur le chemin d'Emmaüs, le Seigneur a instruit les disciples : "il leur fit l’interprétation de ce qui, dans toutes les Ecritures, le concernait." (Nouvelle Bible Segond).

Faire l’interprétation vient du grec "dihermeneuo" qui signifie traduire, interpréter. On en a tiré le terme "Herméneutique" qui désigne la manière d'étudier et comprendre l'Ecriture.

Cette étude ne saurait se réduire à un ensemble de règles intellectuelles : elle nous conduit aussi à rechercher l'action de l'Esprit qui"sonde toutes choses" (1 Corinthiens 2.10)

 

"Les lévites, faisaient comprendre la loi au peuple…

ils lisaient distinctement dans le livre de la loi de Dieu,
et ils en donnaient le sens
et le faisaient comprendre lorsqu’on lisait."
(Néhémie 8.7-8)

 

Préliminaires.

Nécessité d'une étude pour comprendre le texte qui provient de l'hébreu ancien et du grec primitif.

 

Nécessité d'interpréter pour saisir pleinement le sens :

o       Daniel a eu besoin d'une interprétation des visions.

o       Le Seigneur interprétait les paraboles. Il disait aussi : "Sondez les Ecritures" (Jean 5.39), ce qui laisse entendre que le sens important n'est pas en surface.

o       Les croyants de Bérée " reçurent la parole avec toute bonne volonté, examinant chaque jour les écritures pour voir si les choses étaient ainsi."

 

L'herméneutique n'est pas l'application de quelques règles mais plutôt la coordination d'un ensemble de règles.

 

Les exemples donnés ci-après ne constituent que quelques cas utiles pour éclairer le sens. Le lecteur pourra s'appuyer sur sa connaissance du texte biblique ou sur des ouvrages spécialisés.

 

A - Herméneutique générale.

 

1 - Un état d'esprit correct.

On n'étudie pas Dieu, on l'écoute.

C'est l'Esprit qui nous fait connaître les choses de Dieu : "Nous avons reçu... l'Esprit qui est de Dieu, afin que nous connaissions les choses qui nous ont été librement données".

Ceci étant dit, Dieu nous a donné une intelligence pour l'utiliser sans craindre l'effort : la compréhension d'un texte n'est jamais immédiate : les disciples devaient demander au Seigneur l'interprétation des Paraboles. Daniel, en son temps, avait demandé à comprendre le sens des révélations (Daniel 7.16).

 

2 - Une méthode correcte.

Prenons garde aux méthodes qui donnent plus de place à notre jugement qu'à l'autorité de la Parole.

a) la méthode rationaliste

C'est soumettre le texte au jugement humain pour comprendre et accepter (ou refuser ?) ses déclarations.

C'était celle des Saducéens (Actes 23.8).

En vogue au XIXe siècle, en particulier en Allemagne.

Dieu attend que nous fassions bon usage de l'intelligence qu'il nous a donnée. La raison ne s'oppose pas à la foi mais elle se soumet à la révélation divine.


b) la méthode allégorique et mystique

L'interprétation gnostique est dénoncée dans l'épître aux Colossiens (Colossiens 2.8 et 18).

Utilisée dès les premiers siècles par des chrétiens d'Alexandrie pour expliquer certaines difficultés bibliques.

Développé par l'église catholique romaine au Moyen Age.

Exemple : Daniel dans la fosse aux lions n'aurait été que le "prisonnier" de tentations humaines.

La signification allégorique existe, mais quand la Parole nous y conduit, comme dans l'exemple de Sara et d'Agar (Galates 4.24).

 

c) la méthode dogmatique

Le terme vient de "dogma" qui veut dire "enseignement".

C'est interpréter l'Ecriture en accord avec les dogmes d'un groupe.

L'église Catholique s'inscrit clairement dans cette méthode en affirmant : "l'Eglise à laquelle est confiée la transmission et l'interprétation de la Révélation, ne tire pas de la seule Ecriture Sainte sa certitude sur tous les points de la Révélation" [1],.

Le dispensationaliste excessif rangera tous les passages prophétiques dans une case du système… et oubliera peut-être le sens moral du passage !

En opposition, les Pères de l'Eglise affirmaient que l'Ecriture est "la base et la colonne de notre foi" (Irénée, 125-202), "elle est la source du salut… suffisante à elle seule pour faire connaître la vérité" (Athanase, 298-373). "Sola Scriptura" disaient les Réformateurs.

 

Exemples :

·        Matthieu 26.26 "ceci est mon corps" viendra confirmer la doctrine de la transsubstantiation.

·        Jean 19.26 "Femme voilà ton fils... voilà ta mère" pour déduire que Marie doit être considérée comme une mère pour nous.

 

d) Pour bien comprendre le message, en respectant le texte : la méthode historico littérale

1.      tenir compte de la langue originale pour bien comprendre le texte

2.      tenir compte du contexte historique pour éclairer le texte

Connue dès le 2ème siècle comme "la méthode littérale" (Théophile).

Impulsion de Luther et Calvin lors de la Réforme.

Les données historiques se trouvent dans la Bible elle-même, mais on tiendra également compte des apports externes.

 

3 - Lire avec soin.

On commet trop facilement des erreurs, d'autant plus qu'on a l'impression de connaître le texte.

Exemple : 2 Timothée 2.15 "Etudie-toi à te présenter approuvé à Dieu" et non approuvé de Dieu !

 

4 - La signification des mots.

a) On ne connaît pas toujours exactement le sens des mots utilisés occasionnellement. Un dictionnaire français est indispensable !

Exemples :

§         "Passion" dans Hébreux 2.9 ne veut pas dire "sentiment d'amour ardent", mais "souffrance" dans le sens ancien qui n'est utilisé qu'en parlant de Jésus-Christ ou des martyrs.

§         Le "consommateur" est "celui qui achève" (Terme de théologie) et non"celui qui achète pour son usage" (Les deux sens sont donnés par le Littré)
La version Segond révisée préfèrera "Jésus qui suscite la foi et mène à la perfection".

 

b) Le même mot peut avoir plusieurs sens entre lesquels il faut choisir.

Exemples :

§         La "chair" a au moins 2 sens dans Romains 8.3.

§         La "loi" peut désigner le principe, la loi morale ou le décalogue.

§         Le "monde", tant aimé de Dieu, ou qui gît dans le méchant !

 

c) les mots ne correspondent pas exactement d'une langue à l'autre et la connaissance du sens du mot d'origine (Hébreu, Araméen ou Grec) précise fortement le sens.

Exemples :

o    "aimer" en français correspond à 3 mots grecs

§           eros, avec un sens sexuel, ne se trouve jamais dans la Parole

§           phileo, qui parle d'attachement, est le mot le plus courant dans le grec classique. Il décrit l'affection humaine.

§           agapao, l'amour qui se donne pour le bien de l'autre est l'amour d'essence divine.

o "Confesser" est la traduction de "homologeo", c'est à dire "même discours". Confesser c'est donc dire la même chose que Dieu que ce soit au sujet de Jésus-Christ (Romains 10.9) ou au sujet de notre péché (1 Jean 1.9)

 

d) certains mots ne peuvent être compris qu'à partir des passages appropriés de l'Ecriture : propitiation, rédemption, justice imputée, sanctification… On utilisera un dictionnaire biblique.

 

e) les mots portent un sens qui change suivant les lieux et les époques

Exemples :

·         Le renard est pour nous un symbole de ruse, mais ce sens vient du Roman de Renard au Moyen-âge. Quand Jésus désigne Hérode comme un renard, il le désigne comme un homme cruel, comme le comprenait chacun à cette époque.

·         Comment nos enfants imaginent-ils la reine de Sheba quand "elle vint à Jérusalem avec un fort grand train" ? 1 Rois 10.2 (Darby).

 

5 - Le texte.

Il s'agit de s'attacher directement au texte pour en noter les principaux éléments.

On se posera les questions classiques : Qui ? Quoi ? Où ? Quand ? Comment ? Pourquoi ?

 

6 - Le contexte.

Le contexte, c'est ce qui est avec le texte. On doit absolument en tenir compte pour saisir la pensée développée, sinon on trahit le passage. C'est ce que Paul demandait à Timothée : "exposant justement la parole de la vérité" (2 Timothée 2.15). "Exposant justement" c'est "orthotoméo" = couper droit. Le contraire, c'est tordre les Ecritures (2 Pierre 3.16).

Exemples :

o     Psaume 14.1; 53.1 : "Il n'y a point de Dieu".

o     1 Corinthiens 2.9 : "Ce que Dieu a préparé pour ceux qui l'aiment". Il s'agit, non de ce que Dieu nous a préparé pour notre avenir au ciel, mais de la révélation qu'il nous fait aujourd'hui puisque "Dieu nous l'a révélé" (v. 10).

On distingue :

1.    le contexte immédiat,

2.     le contexte du livre et l'enseignement biblique général,

3.     le contexte historique et culturel.

Les deux derniers sont développés ci-après.

 

7 - Les passages parallèles.

Il est nécessaire d'examiner tous les passages parallèles pour avoir un enseignement complet et saisir le sens que Dieu donne à un fait ou à un passage.

Exemples :

o     Colossiens 1.15 "le premier-né de toute la création". Il ne s'agit pas d'une antériorité parmi les êtres créés mais d'un honneur conféré, comme le montre le passage parallèle du Psaume 89.27 : "Je ferai de lui le premier-né, le plus élevé des rois de la terre".

o     Les inscriptions de la croix, différentes dans chaque évangile, correspondent au texte dans différentes langues

o     Moïse apparaîtrait comme un meurtrier en Exode 2.11-15 mais Dieu montre qu'en réalité il a donné un libérateur à son peuple comme le précise Actes 7.35.

La connaissance des détails de chaque passage permet aussi au commentateur "d'animer" sa présentation par des détails authentiques, bien plus appropriés que ceux qui sont imaginés.

 

8 - Le message de toute la Bible.

L'une des preuves de l'inspiration divine de la Bible est sa merveilleuse unité. La doctrine que nous déduisons de notre passage ne devra pas contredire celle qui se dégage du reste de l'Ecriture.[2]

Exemple : Jacques 2.24 "l'homme est justifié par les œuvres et non par la foi seulement". C'est tout le Nouveau Testament montre que nous sommes justifiés "par la foi... non pas sur le principe des œuvres" (Ephésiens 2.8-9). Jacques 2.26 montre que la vraie foi, c'est celle qui produit des œuvres ; c'est celle-la qui justifie.

 

9 - Distinguer les périodes dispensationnelles.

Ne confondons pas les différentes périodes, pour lesquelles Dieu a voulu chaque fois des relations particulières avec l'homme.

Exemples :

o       L'assemblée n'est révélée que dans le Nouveau Testament (Ephésiens 3.4-5). La première mention en est faite par le Seigneur en Matthieu 16.18.
En conséquence on pourra trouver dans l'Ancien Testament des images qui peuvent nous faire penser à l'Eglise (comme, par exemple, la construction du Tabernacle), mais en aucun cas on ne trouvera la doctrine ou la pratique de la vie d'assemblée.
Un mot n'entraîne pas une allusion à l'église. Par exemple au Psaume 74.2 "Souviens-toi de ton assemblée, que tu as acquise autrefois" ne concerne qu'Israël et n'a rien à voir avec l'église.

o       Les croyants de l'Ancien Testament ne font pas partie de l'église, du corps de Christ.

En conséquence, on trouve dans des textes relatifs à d'autres périodes que celle de l'église des enseignements moraux mais on ne saurait en tirer des conclusions sur le salut, sur la vie chrétienne...

Exemples :

o       La fin de la vie de Saül, ou celle de Salomon, ne permet pas de conclure que les enfants de Dieu peuvent perdre le salut.

o         Les imprécations et appels à la vengeance de certains Psaumes ne nous autorisent pas à prendre l'épée comme certains pendant les guerres de religion. (Comparer par exemple le Psaume 137.9 et l'enseignement bien distinct du Seigneur en Matthieu 5.43-45 ou de Paul en Romains 12.19-20 "ne vous vengeant pas vous-mêmes, bien-aimés". Aujourd'hui, quand nous sommes confrontés à l'injustice, parlons simplement au Seigneur de nos questions ou éventuellement de notre indignation.

 

10 - Le but, le plan et les limitations de chaque texte.

Quelques exemples :

o       La Genèse est le livre des commencements de la révélation de Dieu. Ce n'est pas un traité scientifique sur la création.

o       Le choix des détails et des citations de l'Ancien Testament dans chaque Evangile, n'est pas des "oublis" mais un choix divin correspondant à une harmonie interne.

o       Le récit des Actes montre comment l'évangile s'est étendu à toutes les nations mais n'est pas le récit des actes de tous les apôtres ni même de tout ce qu'on fait Pierre ou Paul.

Acceptons que Dieu n'ait pas tout révélé : "Les choses cachées sont à l’Eternel, notre Dieu" Deutéronome 29.29

 

11 - Les circonstances historiques.

Deux exemples :

o       Genèse 30.3 Rachel dit à Jacob "Voici ma servante... j'aurai des enfants par elle". Ce qui a été influencé par des coutumes anciennes n'est pas nécessairement approuvé de Dieu et l'enseignement du Nouveau Testament est sans ambiguïté.

o       Deutéronome 21.15 "Si un homme a deux femmes…"

o       Matthieu 12.1 peut être interprété aujourd'hui comme un vol, mais dans un contexte juif il en est autrement : "tu pourras arracher des épis avec ta main" (Deutéronome 23.25).

Dans le Nouveau Testament, il est intéressant de distinguer :

o       Ce qui est donné sans motivation doctrinale, par exemple le saint baiser : on peut entendre le passage comme "saluez-vous avec beaucoup d'affection".

o       Ce qui est donné avec une justification doctrinale comme la tête couverte pour la femme : le geste demandé dépasse nécessairement les habitudes historiques et il faut accepter l'enseignement tel que Dieu l'a donné et expliqué.

 

12 - La place des deux Testaments.

"Le Nouveau Testament est caché dans l'Ancien et l'ancien est révélé dans le Nouveau." (Saint Augustin)

La clé des deux Testaments est Jésus-Christ, annoncé dans l'Ancien et révélé dans le Nouveau.

Les scribes reconnaissaient les textes messianiques, mais n'avaient pas compris que Jésus-Christ allait accomplir la loi et ainsi mettre fin à son obligation pour justifier gratuitement le pécheur.

La question est posée dans l'Ancien Testament : "Comment l'homme sera-t-il juste devant Dieu?" (Job 9.2). Dieu répond dans le Nouveau testament (en particulier dans l'épître aux Romains).

Les différences entre les deux Testaments ne s'opposent pas mais s'éclairent avec la venue de Jésus-Christ.

 

13 - Accepter ce que Dieu a donné par ailleurs.

Dieu a donné des dons à l'Eglise, notamment celui de docteur. Les refuser serait une folie. Vouloir tout redécouvrir est de l'inconscience (et de la perte de temps) !

Allons dans les réunions où la Parole est lue et interprétée !

Lisons ce qui est écrit, ou a été écrit quelquefois depuis très longtemps : Dieu nous l'a donné, ne le méprisons pas !

 

B - Formes particulières du langage et problèmes bibliques

 

14 - La forme de pensée sémite.

Alors que la pensée moderne a été formée par Aristote et surtout Descartes (Je pense donc je suis), la pensée sémite s'exprime par des touches successives : elle suggère au lieu de démontrer, elle juxtapose des affirmations qui cernent la réalité.

Les aspects particuliers de la poésie sont abordés plus loin.

 

15 - Les figures littéraires.

On rencontre dans la Bible, comme dans tout ouvrage écrit, de nombreuses figures littéraires. La connaissance du nom de chacune de ces figures n'apporte rien au lecteur. Par contre leur identification sera en aide lorsqu'on les rencontrera.

On notera dans les quelques exemples ci-après que Jésus utilisait lui-même plusieurs de ces figures.

 

1. La similitude

Définition : Pour éclaircir une idée, ou pour orner le discours, on applique à un objet des traits de ressemblance empruntés à un objet différent.

Exemple : Proverbes 26.1 "Comme la neige en été, et comme la pluie dans la moisson, ainsi la gloire ne sied pas à un sot."

 

2. La métaphore

C'est une comparaison qui omet le mot "comme". La signification naturelle d'un mot est alors changée en une autre, souvent très différente (meta = trans, pherein = porter).

Exemples :

Matthieu 5.14 "Vous êtes la lumière du monde".

Psaume 23.11 "L'Eternel est mon Berger."

Jean 10.7 "Moi je suis la porte des brebis".

 

3. La métonymie

Définition : Mettre un mot à la place d'un autre, soit pour en faire entendre la signification, soit parce qu'il est suggéré par le premier.

Exemples :

o       Joël 2.31 "le soleil sera changé en ténèbres"

o       Luc 16.29 "Ils ont Moïse et les prophètes" (Moïse est mis à la place de ses écrits)

o       1 Jean 1.7 "si nous marchons dans la lumière, comme lui-même est dans la lumière" (La lumière suggère la justice devant Dieu).

 

4. La synecdoque

Définition : Prendre la partie pour le tout, le contenant pour le contenu, la matière pour l'objet, etc.

Exemples :

o     Genèse 42.38 "Vous ferez descendre mes cheveux blancs dans la tombe" bien sûr les cheveux ne descendront pas seuls !

o     Psaume 16.9 "Ma chair reposera en assurance. Car tu n’abandonneras pas mon âme au shéol". Il s'agit ici de la résurrection de Christ (Actes 2.31). Bien évidemment elle ne concernait pas seulement sa chair corporelle mais tout son être.

o       1 Corinthiens 11.27 "Ainsi quiconque mange le pain ou boit la coupe du Seigneur". Il ne saurait être question de manger tout le pain, de boire toute la coupe.

 

5. L'ironie

Définition : Dire le contraire de ce que l'on veut faire entendre, ce qui en souligne l'absurde.

Exemples :

o     Job 12.2 "Vraiment vous êtes les seuls hommes, et avec vous mourra la sagesse!"

o     Matthieu 21.16 " Jésus leur dit, Sans doute; n’avez-vous jamais lu... "

 

6. L'hyperbole

Définition : Augmenter ou diminuer excessivement la vérité des choses pour qu'elle produise plus d'impression.

Exemples :

Deutéronome 1.28 "Les villes sont grandes, et murées jusqu’aux cieux".

Matthieu 23.24 "Vous filtrez le moucheron et vous avalez le chameau"

 

7. L'apostrophe

Définition : Interrompre le discours pour adresser la parole à quelqu'un (qui peut être absent) ou à quelque chose.

Exemples :

o     2 Samuel 18.33 "Le roi... disait ainsi : Mon fils Absalom! Mon fils! Mon fils Absalom!"

o     Esaïe 54.1"Réjouis-toi, stérile"

o     Matthieu 23.37 "Jérusalem, Jérusalem, la ville qui tue les prophètes et qui lapide ceux qui lui sont envoyés... "

 

8. La personnification (ou prosopopée)

Définition : Prêter de l'action et du mouvement aux choses inanimées

Exemples :

o     Esaïe 55.12 "Les montagnes et les collines éclateront devant vous en chants de triomphe, et tous les arbres des champs battront des mains"

o     Proverbes 1.20 "La sagesse crie au dehors, elle fait retentir sa voix sur les places"

 

9. L'euphémisme

Définition : Consiste à adoucir un mot, à déguiser une idée difficile à exprimer en public.

Exemples :

o     Genèse 4.1 "Et l’homme connut Eve sa femme"

o     Deutéronome 23.13 "quand tu t’assiéras dehors".

o     Marc 7.19 "Cela... s’en va dans le lieu secret".

o     Actes 7.59 : Juda est déchu "pour s’en aller en son propre lieu".

 

10. Le paradoxe

Définition : Opinion contraire à l'opinion commune.

Exemples :

o     Matthieu 5.4 "Bienheureux ceux qui mènent deuil"

o     Jean 4.14 "Celui qui boira de l’eau que je lui donnerai, moi, n’aura plus soif à jamais"

 

11. Le jeu de mots

Définition : Toutes les phrases où l'on use (ou abuse) de la ressemblance du son des mots. Ils sont en général impossibles à traduire.

Exemples :

o     Cantique des C. 1.3 : "Ton nom (shem) est un parfum (shemen) répandu"

o     Ecclésiaste 7.1 : "Mieux vaut une bonne renommée (shem) que le bon parfum (shemen)"

o     Philémon 10-11 "Onésime (Utile), qui t’a été autrefois inutile, mais qui maintenant est utile à toi et à moi"

 

16 - Les idiotismes hébraïques.

Les idiotismes sont des constructions, des locutions, propres et particulières à une langue (un idiome). "Il y a" est un idiotisme en français. Les idiotismes ne peuvent être traduits littéralement. Voici les principaux cas rencontrés en hébreu.

 

1. Une expression absolue pour un relatif

Exemple : Proverbe 8.10 "Recevez mon instruction, et non pas de l’argent". Il est évident qu'il n'est pas absolument défendu de prendre de l'argent, par exemple comme juste rémunération d'un travail.

 

2. Une expression relative pour un absolu.

Exemple : Luc 18.14 "Justifié plutôt que l'autre"

 

3. L'idiotisme de filiation.

"Fils de" exprime une relation, mais pas nécessairement une filiation directe.

Exemple : Actes 3.25 "Vous êtes les fils des prophètes".

Par contre "Simon, fils de Jonas" exprime la filiation (Jean 21.15).

 

4. L'idiotisme de temps.

a) L'éternité peut être évoquée dans le sens littéral, comme dans un sens limité.

- Sens littéral : Genèse 3.22 "ne vive à toujours".

- Sens limité : Ésaïe 60.15 "Je te mettrai en honneur à toujours" s'applique à Israël pendant le millenium.

 

b) Les fractions de jour.

- Genèse 1.5 montre qu'un jour est constitué d'une nuit suivie d'une journée.

- Les durées sont exprimées en incluant les extrêmes.

Exemple : 1 Rois 12.5 : "Dans trois jours revenez" ce n'est pas dans 3 x 24 heures puisque au verset 12 il est dit qu'ils viennent le troisième jour, soit après environ 2 x 24 h.

On comprend alors que la résurrection du Seigneur le troisième jour soit comptée comme trois jours dans la tombe.

 

5. L'anthropomorphisme (avoir la forme de l'homme).

Exemples :

- Exode 8.19 : Le doigt de Dieu.

- Psaume 32.8 : Les yeux du Seigneur.

 

6. L'ellipse.

C'est exprimer une idée sans respecter toutes les règles de grammaire.

Exemple : Actes 18.6 "Moi [je suis] net".

 

17 - Les types.

Un type est un modèle abstrait, un concept réunissant les caractères essentiels d'êtres ou d'objets. (Juda est le type même du traître).

On distingue trois niveaux de types.

1)      Le type expliqué par la Parole elle-même :

Exemple " notre pâque, Christ, a été sacrifiée" Matthieu 5.13

2)      Le type déclaré par la Parole, mais sans que l'explication soit nettement donnée :

Exemple "vous êtes le sel de la terre" 1Corinthiens 5.7

3)      Ce que nous voyons comme un type, mais sans que la parole le déclare comme tel :

Exemple "Je suis descendu au jardin des noisettes" Cantique 6:11

 

18 - Les symboles.

Le symbole est quelque chose de visible qui représente quelque chose d'invisible.

Exemple le lion :

-         Apocalypse 5.5 "le lion qui est de la tribu de Juda" représente Christ

-         1 Pierre 5.8 "votre adversaire le diable comme un lion". Ici le lion représente Satan.

La similitude exprimée par un symbole est toujours simple, jamais multiple : elle concerne un point principal et il faut se limiter à ce qui donne au symbole sa vraie force.

 

Le type.

Le symbole.

Complexe, avec détails.

Représente une seule chose.

Prophétique.

Limité dans le temps.

Propre à la Bible.

Figure très commune.

 

Les nombres ont une signification symbolique. Leur interprétation doit se faire avec prudence.

1 représente l'unité divine, 2 un témoignage suffisant, 3 la divinité, 5 l'homme, 6 Satan, 7 la perfection (plus de 600 fois dans la bible), 12 un nombre complet pour la terre, 40 un temps d'épreuve…

 

19 - Les paraboles.

Le mot parabole vient de "parbola" qui veut dire ressemblance.

Dans l'interprétation il faut distinguer :

1 – L'occasion

2 – La narration

3 – La leçon spirituelle.

Une parabole n'enseigne normalement qu'une vérité. Vouloir interpréter tous les aspects de l'histoire conduit à des contre-sens. (Exemple de l'économe infidèle : la parabole n'enseigne que la prudence).

 

20 - Les allégories.

L'allégorie développe la métaphore. Le discours, présenté sous un sens propre, sert de comparaison pour donner l'intelligence d'un autre sens qu'on n'exprime point.

Exemple : Genèse 49.9 "Juda est un jeune lion".

 

21 - Les fables, les devinettes, les énigmes et les proverbes.

Exemples :

Fable : Juges 9.7-20

Devinette : Juges14.14

Ezéchiel 17.2 "Fils d’homme, propose une énigme et présente une parabole à la maison d’Israël, et dis : Ainsi dit le Seigneur, l’Eternel, Un grand aigle, à grandes ailes, à longues pennes, plein de plumes, qui était de couleurs variées, vint au Liban, et prit la cime d’un cèdre…

Proverbe : Matthieu 15.26 "Et lui, répondant, dit : il ne convient pas de prendre le pain des enfants et de le jeter aux chiens."

 

22 - La poésie hébraïque.

La poésie hébraïque ne comporte pas de rimes, mais répète le sens de différentes manières.

Le parallélisme de même sens,

Proverbe 2.21 "Car les hommes droits habiteront le pays, et les hommes intègres y demeureront de reste."

Le parallélisme par opposition,

Proverbe 14.1 "La sagesse des femmes bâtit leur maison, mais la folie la détruit de ses propres mains."

Le parallélisme accumulatif

Ésaïe 55.6-7 "Cherchez l’Eternel tandis qu’on le trouve ; invoquez–le pendant qu’il est proche. Que le méchant abandonne sa voie, et l’homme inique, ses pensées, et qu’il retourne à l’Eternel, et il aura compassion de lui, – et à notre Dieu, car il pardonne abondamment."

 

23 - L'interprétation de la prophétie.

 

24 - Le problème des citations.

 

25 - Les contradictions historiques apparentes.

 

26 - Les difficultés doctrinales.

 

Ces quatre derniers points sont cités pour mémoire. On se référera aux ouvrages spécialisés.

 



[1] Catéchisme de l'Eglise Catholique, Article 82.

[2] Alfred Kuen. Comment interpréter la Bible. Page 93.

 

Elie Vignaud - weeb 12