Livres contestés et canonicité de
WEEB 10, octobre 2006, Surgères
Etienne LAÜGT
Les Israélites dans le
désert n'ont à aucun instant douté que
I – Livres contestés de
- Homologoumènes : livres reconnus à l’unanimité.
- Pseudépigraphes : livres rejetés par tous (car contrefaçons).
-
Antéligomènes : livres remis en cause
par certains.
- Apocryphes : livres acceptés par quelques-uns seulement.
Les antéligomènes sont des livres d’abord reconnus comme authentiques et inspirés de Dieu par leurs premiers destinataires… puis dont l’inspiration fut contestée pendant une courte période, beaucoup plus tard.
Ils sont composés de
- Esther : car le nom de Dieu en est absent.
ð
Toutefois, tout ce livre rend un puissant
témoignage à
- Proverbes : En raison de l’apparente contradiction entre les v.v. 4 et 5 du ch. 26.
ð Pourtant, il est facile de saisir la cohérence de ces deux versets.
- Ecclésiaste : Car jugé trop pessimiste.
ð Il faut comprendre sa démarche : l’auteur cherche d’abord à trouver du bonheur « sous le soleil ». Puis, il confesse son échec (7. 23-29), pour voir les choses comme Dieu et conclure avec le ch. 12. 13 : « crains Dieu ».
- Cantique des Cantiques : Car jugé à caractère sensuel.
ð Au contraire, livre d’une très grande pureté morale.
ð Dimension spirituelle : relation entre Christ et l’Eglise, son Epouse.
- Ezéchiel : Parfois jugé en contradiction avec la loi de Moïse.
ð Question d’interprétation qui a finalement été résolue.
- Hébreux : Inspiration contestée du fait de l’anonymat de l’auteur.
ð Beaucoup considèrent Paul comme son auteur.
- Jacques : L’auteur fut contesté comme étant le chef de la première église ; son message fut jugé en contradiction avec celui de Paul (par Luther également).
ð L’identité de Jacques fut démontrée.
ð Son message, faussement interprété comme le « salut par les œuvres » fut compris comme le « salut avec les œuvres ».
- 2 Pierre : Très contesté du fait de la différence de style avec la première épître, faisant douter d’un même auteur. Les réfutations sont multiples :
ð Certaines citations de 2 Pierre par Clément de Rome, au 1er siècle.
ð Concordance littéraire avec manuscrits de la mer Morte, permettant de dater l’épître avant l’an 80.
ð Epître déjà tenue en haute estime par les chrétiens coptes du III° siècle.
ð Différence de styles explicables du fait que Silvain semble avoir participé à la rédaction de la première épître (5. 12).
- 2 Jean & 3 Jean : Au début, pas unanimement inclues dans le canon sacré.
ð Style et message en harmonie parfaite avec la 1ère épître.
ð « L’Ancien », au 1er siècle, ne peut être que le grand apôtre Jean.
- Jude : Référence à des livres apocryphes et à des Pseudépigraphes.
ð Les premiers Pères de l’Eglise reconnurent les faits cités comme authentiques, comme ceux cités par Paul en 2 Tim. 3. 8, par ex.
- Apocalypse : Ecrit apostolique le plus controversé.
ð Pourtant son autorité divine fut reconnue dès le II° siècle.
ð Réfutation de nombreuses hérésies par diverses sectes au IV° siècle… et l’Apocalypse retrouva sa place dans le canon sacré.
II – Canonicité de
Définition : Le mot "canon" vient de l’hébreu "qaneh", c’est-à-dire canne (à mesurer, comme dans Ezé. 40. 3 ou Apoc. 21. 15). Il renvoie à une norme, une règle (Gal. 6. 16). Le mot "canon" est utilisé par les Pères de l’Eglise pour désigner les écritures reconnues comme divinement inspirées, dignes de servir de « règle » en matière de foi, de doctrine et de conduite.
Rôle des conciles : Même si c’est lors de Conciles que le canon a été arrêté, aucune commission n’a l’autorité pour trancher dans ce domaine. Les Conciles ont donc plutôt servi à reconnaître officiellement les livres qui s’étaient imposés à tous. A posteriori, des spécialistes ont cerné les points communs qu’il y avait dans ces livres "canoniques", qu’ils ont appelés "les critères de reconnaissance" (voir point 3).
Les croyants ont donc, peu à peu, reconnu des livres comme divinement inspirés. Mais même des auteurs non chrétiens, dans plusieurs livres anciens, font la distinction entre le canon universel et les Apocryphes, preuve qu’elle était de notoriété publique il y a déjà bien longtemps : Flavius Josèphe, Philon…
Apocryphes :
Quant à l’auteur de 2 Macchabées, il dit que ce qu’il écrit est peut-être médiocre, mais qu’il ne pouvait faire mieux ! Aurait-il dit cela s’il avait été sûr d’être inspiré par Dieu ?!
De plus, alors
que dans les 66 (ou 70 avec les Psaumes) livres de
Variantes du NT : Sur l’ensemble du N.T., on a relevé 200.000 variantes ! Or les spécialistes notent ceci :
- la plupart de ces variantes sont insignifiantes (ex. des mots différents, mais qui ont le même sens) ;
- on retrouve parfois la même variante, répétée de nombreuses fois ;
- souvent il s’agit d’orthographe, d’ordre des mots, de grammaire ;
- 10 ou 12 versets comportent des différences relativement importantes, 8 d’entre elles concernent 1 seul mot, voire 1 seule lettre !
- dans toutes les œuvres de l’antiquité, il y a des
variantes (dans les traductions de Shakespeare, oeuvre qui n’a pourtant que 400
ans, les spécialistes trouvent même des erreurs flagrantes). La différence
entre ces variantes et celles de
Ainsi, sur 5000 manuscrits et 9000 traductions anciennes on peut affirmer que les textes sont identiques à 99%. Aucune doctrine fondamentale du christianisme n’est remise en question par ces variantes. Aucune "falsification" du texte ne peut avoir eu lieu. Et pourtant, bien peu de copistes ou de traducteurs ont eu de liens entre eux !
1 – LE
CANON DE L'ANCIEN TESTAMENT et le rôle d’ESDRAS
Un petit groupe est remonté de Babylone. Il découvre une ville ravagée et les restes du temple. Comment tout reconstruire… sinon en regardant dans le Livre ? Le scribe Esdras a certainement (d’après l’historien juif Josèphe et la tradition juive) remis de l'ordre dans les livres qui furent complétés par les derniers prophètes et les Chroniques écrits à son époque.
C'est sous sa conduite, sans doute, que les écrits ont été rassemblée en 3 sections :
-
- les Nebiim ou les
prophètes (
- les Ketubim ou les
hagiographes (
Cela représente un ensemble de 22 rouleaux correspondant aux 22 lettres de l'alphabet hébreu.
Josèphe, historien juif du Ier siècle, montre que seuls les quelques livres (du canon hébraïque) tenus pour sacrés étaient reconnus ; il dit : "Il n’existe pas chez nous une infinité de livres en désaccord et en contradiction, mais vingt-deux seulement… qui… obtiennent une juste créance" (Contre Apion, I, 38, 41 [VIII]).
2 – LE
CANON DU NOUVEAU TESTAMENT
Beaucoup de
livres de l’A.T. sont écrits à des églises ou à des personnes dans des lieux
éloignés de
- Les grands auteurs du Nouveau Testament (Paul, Pierre Jean) ont souhaité dans leurs écrits que leurs lettres circulent : 1 Thes. 5. 27 - Col. 4. 16. Pierre reconnaît la valeur des écrits de Paul (2 Pi. 3. 15, 16)
- Au début du 2ème siècle les Pères de l'église Ignace et Polycarpe disciple de Jean citent fréquemment les principaux écrits : évangiles – épîtres de Paul.
- Avant la fin du IIe siècle, les quatre Évangiles, les Actes et 12 lettres de l’apôtre Paul étaient universellement acceptés. Seule l’authenticité de quelques-uns des petits écrits était mise en doute dans certaines régions, vraisemblablement parce que leur circulation fut limitée au début, et qu’il fallut donc plus longtemps pour qu’on reconnaisse leur canonicité.
- Le canon de Muratori de la fin du 2ème siècle dresse une 1ère liste (découverte en 1740 par un antiquaire). Il mentionne les 4 évangiles - les Actes – les 13 lettres de Paul – Jude – 2 épîtres de Jean - l'Apocalypse.
- La liste officielle d’Origène en Egypte vers 230, défend l'inspiration des écrits manquants.
- Le Canon fut définitivement reconnu aux conciles d'Hippone en 393 et de Carthage en 397 et 419. Ces conciles n'ont fait que confirmer les écrits qui s'étaient peu à peu imposés.
Les évangiles ont été les plus attaqués à cause des 3 synoptiques qui faisaient penser à un écrit de base ultérieurement recomposé. La personne de Jésus a été très contestée, on accusait les chrétiens de l'avoir mythifié après coup. Pour certains les évangiles ont été écrits très tard dans ce but.
En fait les évangiles sont cités très tôt par Irénée, l'ami de Polycarpe. Il semble que dans les églises les événements concernant la vie de Jésus aient été rappelés oralement.
Le livre des Actes montre à quel point le récit de la vie de Jésus est important et reconnu comme fondateur de la vie d'église. Pierre en fixe la période à retenir : de son baptême à sa mort et sa résurrection (Actes 1. 21,22). Aussi la disparition des témoins directs a fait sentir la nécessité de fixer par écrit les événements concernant le Christ.
Les 3 synoptiques ont leur propre cohérence. Les détails géographiques et historiques mentionnés dans leur texte prouvent la valeur de leurs écrits. Ils ont sans doute été composés dans la 2ème moitié du 1er siècle.
3 – LES CRITERES CANONIQUES
Les non-critères, d’abord :
- l’ancienneté : ex. : le « livre des guerres de l’Eternel » (Nb. 21. 14) ; le « livre du Juste » (Jos. 10. 13), pourtant de l’époque de Moïse et Josué.
- la langue hébraïque : certains textes sont en araméen (parties des livres d’Esdras, Jérémie, Daniel).
Les critères retenus :
- Critère prophétique ou apostolique :
ð L'écrivain doit être reconnu comme celui qui parle de la part de Dieu, prononcé au nom de Yahveh (Es. 55. 11).
ð Ses prophéties se réalisent à 100 %, sinon il était mis à mort !
- Critère de l'autorité divine : à défaut du statut de prophète ou d'apôtre on constatait l'autorité divine de l'écrit. Ex. : « Ainsi parle l’Eternel » ; « l’Eternel me dit », etc…
- Critère de la puissance spirituelle :
ð
ð
Son message doit tourner les hommes vers le
culte du Créateur tout puissant, et faire naître en eux un profond respect pour
son nom, ses œuvres, et pour ses desseins.
- Critère de l'exactitude doctrinale. Un verset ne peut en contredire un autre.
ð Son message met en évidence qu’il n’y a pas de salut en dehors de Yahveh.
ð Il met le lecteur en garde contre la superstition, le démonisme et le culte de la créature (Ps. 135. 15-18 ; Gal. 5. 19-21 ; Es. 44. 14-20).
ð Il doit être en conformité avec le "modèle des saintes paroles" et avec les enseignements de Jésus Christ (2 Tim. 1. 13).
- Critère de l’authenticité immédiatement reconnue, comme les Béréens (Act. 17. 11) ou les Thessaloniciens (1 Thes. 2. 13).
ð Ainsi la canonicité ne fut pas le fait d'hommes décrétant tel ou tel livre canonique mais plutôt de croyants reconnaissants la valeur de ces livres qui s'imposaient d'eux-mêmes par leur valeur spirituelle.
ð Les écrits postérieurs confirment, clarifient et développent ce qui est précédemment écrit (Deut. 4. 2 ; Prov. 30. 6 ; Apoc. 22. 18-19).
ð On attend également de tels écrits qu’ils soient totalement dépourvus de mythes ou de fables. Le récit est historiquement vrai et ses documents sont dignes de confiance (1 Tim. 4. 7; 2 Tim. 4. 4; Tite 1. 14 ; 2 Pi. 1. 16).
Conclusion : La
canonicité des
-
ALEXANDER (J. H.) : L'histoire de
-
ANONYME :
-
DELABARRE Dominique : Le canon des Saintes Écritures
(sur http://perso.orange.fr/hlybk/bible/canon.htm
)
-
GIBERT(André) : Autorité de
- GIMENEZ (Stéphane) :
(sur
http://fileo.free.fr/Lectures/BIBLE/abrege_histoire_bible.htm
)
-
OUWENEEL (W.J.) : Sur les traces de
- REMMERS (Arend) : L’histoire merveilleuse
de la transmission de